Cet ouvrage présente pour la première fois une archéologie anthropo-biologique et philosophique des rapports du mythe, de l'écriture et de la technique. Confrontant ses résultats aux théories les plus reconnues de la communication et des médias, il détermine les limites de leur validité. Comparant le désir pragmatique de communication au phénomène mythique, l'auteur dégage, à la suite de G. d'Humboldt, la prosopopée verbale comme fondement sensible et intellectuel du rapport de l'être humain au monde.
Analyse textuelle de trois nouvelles fantastiques publiées aux Etats-Unis, au début du 19e siècle (1819 et 1824). Illuminations et ténèbres puritaines. Appel de la sur-nature, Puissances surnaturelles sont d'ailleurs les titres de chapitres. La partie consacrée à ##Rip Van Winkle## est exemplaire de la dérive du mythe au fantastique.
Le Traité de la Réforme de l'Entendement est un des ouvrages les plus connus et les plus lus de Spinoza. Il présente pourtant des difficultés : son inachèvement, l'incertitude sur sa date de rédaction, le choix de ses termes et de ses principales notions, le rôle de l'idée vraie dans la méthode et l'élaboration du système. Ce sont ces difficultés que Fabrice Audié s'attache ici à résoudre, en analysant le lexique, en mesurant ce qui vient de Bacon, de Descartes ou de la scolastique, en suivant les étapes et les détours de l'ouvrage.
L'auteur interroge ici la théorie inhérente à l'usage des signes et la façon dont elle a inspiré les mille et une variations réduisant l'être humain à un usager des signes. Loin de se limiter au récit rhapsodique de ces variations, il retrace la façon dont les pragmatistes Peirce, James et Dewey ont décelé dans la nature de signe de l'homme sa capacité à réaliser l'enjeu philosophique d'une formation de l'être humain susceptible de le conduire à un accord avec lui-même qu'il ne peut atteindre que par le détour de la production d'un accord avec le monde et ses allocutaires.
En faisant le choix d'un "gouverneur" plutôt que d'un "précepteur" pour éduquer Émile, Jean-Jacques Rousseau a introduit, dans la pensée éducative, des concepts qui avaient été jusque-là exclus des traités d'éducation. Dans les cours qu'il a donnés au Collège de France à partir de 1978, Michel Foucault s'est interrogé sur le problème de l'art de gouverner. Que signifie "gouverner selon la nature", et comment Rousseau envisage-t-il les questions éducatives dans ce qui relève, selon les termes de Foucault, du "gouvernement de soi et des autres" ?
L'oeuvre de Foucault apparaît comme une succession d'études dispersées, plus que comme un tout cohérent. C'est l'une des raisons pour lesquelles on doute du caractère même d'oeuvre que constitueraient l'ensemble de ses travaux. Ce livre montre, au contraire, que ces travaux sont marqués par une cohérence fondamentale. Celle-ci n'est pas une caractéristique transitoire, mais un trait constant de la recherche de Foucault, à laquelle elle accorde sa valeur proprement philosophique.
Le lecteur d'Emmanuel Levinas, peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi paraît irrémédiablement tourné vers lui-même et seulement préoccupé par son propre bien-être ; tandis que d'autres textes présentent un moi complètement tendu vers autrui, et prêt à se sacrifier pour lui. Levinas retrace l'entrée du sujet dans l'éthique comme le passage de l'un à l'autre de ces états. Flora Bastiani propose de lire Levinas à partir de l'étrangeté de ce saut qualitatif du moi en direction de l'autre.
Qu'est-ce que la douleur et quelle place lui accorder dans la définition de la maladie ? Pour tenter de répondre, Canguilhem, dans Le Normal et le Pathologique, se tourne vers les écrits de René Leriche (1879-1955) : un chirurgien qui, contrairement aux opinions couramment répandues dans le corps médical de son temps, place la douleur au premier plan de sa recherche. Voici une pensée originale qui propose à la médecine et la chirurgie de renouveler leur approche de l'homme malade.
La philosophie latino-américaine s'est divisée en deux orientations principales : soit dévalorisée parce que l'on considérait qu'elle ne faisait que reprendre la pensée européenne ; soit on a tenté de la sauver à partir de perspectives étrangères à la philosophie. Roberto Luquin s'interroge sur le sens que peut avoir une recherche sérieuse sur la pensée spéculative d'un philosophe latino-américain. Il soutient que le vasconcelisme est une authentique pensée philosophique, il s'agit d'un geste créateur qui a su faire le lien entre la pensée philosophique et la pratique politique.
Ces travaux, sans prétendre couvrir exhaustivement le champ "idéalisme allemand" et "lumières, Aufklärung" abordent les thèmes essentiels où ces deux moments de la culture européenne se sont confrontés : la métaphysique, la raison, la logique, la liberté, l'histoire, la religion et la foi, l'esthétique, le sujet. De d'Alembert à Foucault, de multiples trajets sont empruntés passant par Kant, Fichte, Hegel, Schelling, via Leibniz, Rousseau, Hume, Lessing, Voltaire, les matérialistes français, jusqu'à Kierkegaard et Hofmannsthal.
Cette étude, à partir du cas colombien, présente une théorie globale novatrice du trafic des drogues, qu'elle présente comme le symptôme de la situation générale de l'homme contemporain confronté aux problèmes de la mondialisation. Elle pose ainsi le problème du trafic des drogues comme la rencontre entre des subjectivités et les productions des grands systèmes économiques, politiques et juridiques, dans une perspective sociale et anthropologique critique.
Ce livre est conçu comme un essai sur la nécessité, en éducation et en travail social, d'adopter un changement stratégique de paradigme envers ceux qui devraient être les objectifs de tout projet concernant la formation et l'aide aux personnes. Dans tous les cas, il s'agit de comprendre que la réalisation, aussi bien que la réorganisation des itinéraires de vie, exigent la capacité d'affronter des aléas, des phases indéfinies, des mutations, des fluctuations, etc., qui n'ont rien à voir avec la rigidité des principes abstraits, ni avec la consistance des pratiques stables, ni avec la sécurité des comportements convenus.
Cet essai aborde ensemble les pensées de Kant, Hegel, et Deleuze, dont on sait combien elles sont en tension. Il s'agit pourtant ici de refuser les décrets trop tranchants que les systèmes institués portent les uns sur les autres. Les auteurs rapprochent trois dispositifs divergents : la complémentarité de l'intuition et de l'entendement dans le jugement synthétique a priori ; la négativité distendant le Même jusqu'à l'extrême de l'altérité dans la contradiction dialectique ; enfin, l'affirmation unilatérale de l'intensité dans la pensée de la différence pure. Exploiter les frôlements qui peuvent survenir dans la régulation de ces rapports, ce n'est pas vouloir les réconcilier. C'est, au contraire, se donner la possibilité de saisir leur différence au moment même où elle se fait.
De quoi sont faites les images ? D'imagination et d'imaginaire répond la phénoménologie. De langage symbolique répondent la sémiologie, l'iconologie et la psychanalyse. Avec l'appui de la peinture, de la photographie et du cinéma, on a voulu montrer que les images se nourrissent d'abord des matières dont elles sont faites. La matière des images que nous regardons est poétique avant d'être psychologique. Mais elle n'est pas moins esthétique, c'est à dire ouverture au monde et mise en forme des expériences indicibles qu'elle suscite.
Cet essai philosophique a précisément pour finalité de construire le concept de femme. Il part des mythes fondateurs et de leur personnage féminins : Ève, Rébecca, la Sphinge, Jocaste, Antigone, Ismène. L'enjeu est donc de rendre opératoire le concept de femme sur ces trois actes déterminants de la pensée : la dialectique homme-femme, le rapport de la femme au désir, le rôle de la femme dans la politique. S'engage alors la modernité de la question " Qu'est-ce qu'une femme ? ".
Le lien entre les différentes dimensions de l'activité d'historien de la philosophie (commentaires, définition de procédés, fondation) se trouve ici problématisé. Le cas exemplaire de Martial Gueroult permet de repérer des divergences radicales entre l'application, l'explication et le fondement d'une hypothétique méthodologie.
Entre poésie et philosophie, l'essai choisit l'une des figures les plus illustres de la poésie arabe des années 1930 : Abul Qacem Chabbi, pour y puiser les innombrables traits de cette union controversée. S'appuyant sur ses traductions remarquables du recueil poétique intitulé "Cantiques à la vie" et l'essai philosophique "L'imaginaire poétique chez les arabes", l'auteur ouvre pour la première fois l'accès aux poèmes de Chabbi et à une compréhension critique de leur impact sur la culture arabe.
L'auteur a consacré en précurseur ses travaux à la surdité telle qu'elle est vécue, telle que chacun d'entre nous peut en avoir l'expérience, la surdité entendue dans un sens sociologique comme rapport, ou plus exactement comme rupture dans un rapport. La rupture se nourrit du déni, de l'intolérance et du racisme vis-à-vis des Sourds, au point de mettre en cause leur existence. Cet ouvrage est le récit de ce combat collectif contre le déni, dans lequel Bernard Mottez a tenu un rôle essentiel depuis 1975, pour que la langue des signes française et les Sourds soient enfin accueillis au coeur de la cité.
"Les approches de Michel Foucault à propos du droit sont contondantes et pourtant disperses. Michel Foucault et le droit est un livre qui réussit à les rassembler sans réduire la versatilité de son contenu ni la finesse de son style. Au contraire, situé dans les horizons de la pensée foucaldienne, il les étend et, au même temps, instigue le lecteur à des réflexions originelles" (Salma Tannus Muchail, Professeur émérite à l'Université Catholique de São Paulo).
Ce livre propose qu' il est possible de configurer un lieu pour l'autorité qui permette des processus de subjectivation politique, " autorité égalitaire " qui part d'une critique du concept d'autorité comme relation de domination à partir de la pensée de l'égalité de Jacques Rancière. Ce livre se situe entre les disciplines et cherche à questionner des scènes, des positions, des relations et des manières de faire et de penser l'éducation.S
Issu des rangs des jongleurs et des ménestrels, le héraut, au Moyen Âge, était là pour donner tout son éclat à un événement public. Lors d'un tournoi, c'est lui qui devenait le maître de cérémonie. Il est tentant de comparer la solennité d'une fête médiévale à la recherche de perfection requise pour un concert de musique classique. Aujourd'hui, c'est un grand soliste ou un grand maestro qui tient la place du héraut de jadis. Au seul geste du chef répondent à leur tour toutes les voix de l'orchestre...
Cet ouvrage résulte du souhait, à partir de la mise en relation du discours philosophique avec le politique, de rendre compte des allers-retours de la pensée d'un des philosophes majeurs de l'Amérique latine. Voici mis en scène un philosophe et son combat au milieu des circonstances institutionnelles et politiques où se produit le discours philosophique.
Cet ouvrage utilise les pensées de Michel Foucault dans la culture arabe. Il joint à une histoire socio-politique de cette culture une critique qui vise à y établir les conditions d'une émancipation réelle, indépendante de l'actualité brûlante qui semble la rendre aujourd'hui impossible. Cette expérience de critique socio-politique développe en effet les critères d'une émancipation intellectuelle qui conditionne toute émancipation sociale.
Cet ouvrage propose une approche des pensées de divers philosophes, notamment Alain Badiou, Jacques Rancière et Bernard Stiegler, pour se livrer à une pensée de l'expérimentation sonore. Il extrait des conséquences esthétiques, philosophiques et politiques à partir d'une enquête sur la pensée singulière du son habitant des pratiques expérimentales ayant pour question l'émancipation et l'exploration du sonore. Ces pratiques prennent place dans une période allant du XXème siècle à nos jours.