Les nouveaux écrivains africains abordent le millénaire en combattants peu conventionnels, mais courageux. Ils affirment l'irréductible volonté d'un continent-martyr d'imposer son originalité. Ils nous donnent des écrits fous, immoraux, cyniques, désabusés, comme des cris de douleur ou de dérision. Leur parole folle, mais aussi artistique et thérapeutique, malgré son originalité, rejoint plus souvent qu'on ne le croit celle de leurs grands aînés, Chinua Achebe ou Tchicaya U Tam'si. Elle ne peut laisser personne indifférent.
Cette étude s'intéresse à la spécificité de l'articulation forme-fantasme dans chacune des oeuvres d'Hervé Guibert (1955-1991) et démontre l'interpénétration des processus fantasmatiques et créatifs. L'analyse de cette cartographie des fantasmes permet de réévaluer les relations obscures entre le désir, la vie et la création, de souder un peu plus le rapport texte-photographie et d'éclaircir les liens au sein du corpus guibertien ; les théories originales et les conclusions inédites de ce travail y apportent un éclairage nouveau.
A travers l'étude de quatre romans francophones, Georgette ! de Farida Belghoul, En attendant le bonheur de Maryse Condé, L'amour, la fantasia d'Assia Djebar et Tu t'appelleras Tanga de Calixthe Beyala, ce livre analyse l'effet d'hybridité produit par l'intégration et la remise en cause de concepts métaphoriques issus de différentes cultures : tels que le destin de la femme conçu comme une route déjà tracée, l'amour vécu comme une guerre. De fait, à travers leur travail sur la langue française, les écrivaines revendiquent non seulement un style individuel, mais aussi, à travers la liberté d'écrire, la liberté de penser et de vivre.
Faisant suite au volume précédent sous titré " autobiographie et histoire ", ce deuxième volume sous-titré " lectures critiques " réunit des analyses de presque chacun des romans de l'écrivain, ainsi que des articles de deux traducteurs de plusieurs de ses oeuvres. Leurs auteurs explorent les aspects les plus importants et débattent des sujets les plus marquants de la production de Boudjedra. Une somme exceptionnelle qui constitue un véritable bilan d'écriture de " l'enfant terrible de la littérature maghrébine ".
Une quarantaine de textes critiques émanant de spécialistes de la littérature au féminin compose cet ouvrage. A travers eux les femmes de lettres francophones font entendre leurs voix. Dans ce chant mêlé, auteurs et critiques s'unissent pour célébrer la francophonie, traversant les frontières qui ne sont plus que des repères imaginaires et explorant un espace mémoire, un espace ouvert à des langues nouvelles.
A travers l'analyse de quelques textes d'écrivains africains, l'auteur étudie la mutation des femmes de la période coloniale aux années 1990 , qui voient l'émergence de nouvelles forces démocratiques en Afrique. Les sociétés en révolution, analysées à travers les textes littéraires, annoncent les amazones des Temps Modernes entendant devenir les Sujets d'une Histoire qui ne se fera plus en dehors d'elles.
Aujourd'hui encore, la représentation de la shoah par la fiction est taboue. Cet essai propose de mettre en lumière le rôle de la fiction dans la commémoration de la shoah à partir de l'étude de La "Peste "d'Albert Camus et de "W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec, et d'analyser la place de l'imagination dans la transmission d'un événement inimaginable. Pour ces deux auteurs, l'écriture fictionnelle est un moyen d'action permettant de faire voir le réel. Par le biais d'une recherche esthétique originale, ils s'engagent à tracer les termes éthiques d'un récit sur la shoah.
Ce livre explore l'atmosphère poétique qui imprègne l'oeuvre romanesque et lui donne sa tonalité particulière. Le lecteur trouvera une variété de points de vue (fruit d'échanges entre sept nationalités), qui permettent de pénétrer plus à fond dans l'univers makinien et d'en apprécier toute la richesse, que ce soit par les thèmes abordés - la nostalgie de la nature et de la terre russe, le mystère de la féminité et la poétique de l'amour - ou par l'analyse des procédés langagiers et stylistiques de l'auteur.
Pourquoi, au moment o l'on assiste une crise de la reprsentation, au moment o l'opacit rflexive se superpose la transparence transitive pour dtourner la littrature de son dsir de reprsenter le monde, Pascal Quignard, Michel Butor et Yves Bonnefoy renouent-ils avec l'art figuratif classique qui est essentiellement mimtique ? Comment ces crivains recourent-ils la peinture classique, o la mimsis a connu son plus haut point d'accomplissement, sans pour autant s'assujettir au modle reprsent ?
Cet ouvrage s'attache à relever et analyser le réinvestissement mythique dans l'oeuvre d'Alain Fournier, ce qui suppose la production d'un récit qui s'apparente aux transmissions orales. En annexe, une compilation d'écrits sur les accusations de plagiat, les goûts littéraires d' Alain-Fournier d'après ses lettres; des études sur ses affinités avec Eugène Fromentin, Charles-Louis Philippe et Marcel Proust.
Au début du XXe siècle, après une longue dynastie d'autarcie culturelle, la Chine a ouvert sa porte à la modernité de l'Occident. La littérature française de la fin du XIXe siècle y fait son entrée, et, tout particulièrement, la poésie de Charles Baudelaire. Traumatisés par les blessures de guerres, les poètes chinois ont trouvé dans son oeuvre un encouragement à réinventer la poésie et une consolation morale et spirituelle au coeur même du spleen. Ce présent travail offre une étude systématique et complète de cette influence baudelairienne sur le monde poétique chinois.
Le rire froid traverse, de part en part, l'oeuvre romanesque de Yodi Karone. Cet artifice scriptural constitue l'un des traits de sa singularité. Une lecture attentive permet de déterrer ce trésor caché et de déguster la succulence du texte, à savoir une victoire invisible, une foi de soi qui anime le faible et lui permet d'affronter sereinement la force des injustes. De ce fait, le rire froid, saisi comme regard lucide de la victime, demeure la marque d'une intelligence vive, souvent imperceptible dans une lecture moins attentionnée, qui débouche sur le caractère pluriel du texte.
Les premiers récits de Claude Ollier ont été suscités par un séjour au Maroc, et la découverte des langues et des cultures du Maghreb. De cette rencontre, toute l'oeuvre écrite depuis garde une empreinte d'étrangeté et se nourrit d'une attention singulière aux langues qui la trament. Car l'écriture de Claude Ollier reste en quelque sorte hantée par l'alphabet de l'Autre, arabe, berbère, allemand, anglais ; elle s'emploie à en suivre les inscriptions dans le corps. C'est dire que ces textes, qui exaltent une altérité irréductible, se situent à l'opposé de l'exotisme. La littérature devient le lieu où des passages peuvent être frayés dans les interdits culturels, les images touristiques, les dressages linguistiques qui sont les nôtres. Telle est l'entreprise fondamentale, de livre en livre, du narrateur de Claude Ollier, invétéré voyageur-découvreur de planètes. Car c'est un trajet intersidéral qui est engagé, inévitablement, en direction de l'Autre, qu'il ait nom Maroc, Mexique, Australie, planète Enigma ou... Ile-de-France. En fait, la rencontre avec l'étranger donne à l'écrivain une langue : la langue française toute métissée de timbres et de rythmes différents. Et pour que les expériences mais aussi les phantasmes et les rêves déposent, il faut une écriture qui, loin des codes romanesques, opte pour l'exigeante liberté du récit, lequel fait tout autrement la part des choses. Les partitions de Claude Ollier entendent souligner, notamment, que les divisions géographiques et techniques, les strates historiques, la portée musicale des voix du texte, bref l'occupation des sols terrestres et des sols de l'imaginaire, tout relève de l'inscription du politique ; tout fait surface d'écriture. Les partitions de Claude Ollier ont aussi voulu mettre en oeuvre l'exercice du partage : l'ouvrage accueille 33 textes de Claude Ollier qui se greffent sur l'analyse, et il expérimente ainsi une relation différentielle. C'est une forme nouvelle de critique littéraire qui s'invente là, et qui tâche d'esquisser une poétique de l'altérité. S'ouvre alors, entre l'écrivain et l'analyste, par échos et entames, tout le champ spectral de l'oeuvre.
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Reste-on soi même en changeant de langue ? Question souvent posée, que l'on doit, dans le cas des écrivains, étendre non seulement au style, mais également à la problématique du bilinguisme d'écriture, qui prend parfois une ampleur prépondérante dans l'oeuvre d'un auteur, comme pour Beckett de l'anglais au français ou Nabokov du russe à l'anglais. L'auto-traduction joue alors un rôle crucial qui amène à s'interroger sur l'identité du texte auto-traduit : où se trouve l'original au regard des versions existantes ?
OUVRAGE NON DISPONIBLE ACTUELLEMENT EN VERSION PAPIER / EDITION ACTUALISÉE PRÉVUE POUR SEPTEMBRE 2010
Le réalisme est une caractéristique majeure de la littérature africaine de langue française. Cette étude porte sur une large période, antérieure et postérieure aux indépendances, et s'attache à montrer comment les auteurs brossent aujourd'hui un tableau sans concession de l'injustice, de la violence dont les plus démunis sont victimes, de la morgue des puissants, tableau intensément réaliste dont l'imaginaire et le merveilleux ne sont toutefois pas absents.
Dans Une littérature en ébullition, Gérard Bessette confiait que le corps restait rare dans la littérature québécoise jusqu'en 1945. Il fallut attendre Bonheur d'occasion pour « sentir le poids de la chair, la pesenteur du corps, l'horreur de sa dégénérescence dans notre littérature romanesque ». Lors d'un entretien avec François Ricard, ce dernier évoqua le corps comme la « tache aveugle » dans l'oeuvre de Gabrielle Roy, « Le corps c'est le point mort ». Pourtant une lecture attentive de cette oeuvre romanesque rend compte de l'omniprésence du corps.
Maximilien Volochine est surtout connu comme poète mais il fut aussi critique d'art judicieux et un peintre d'une grande originalité. Dans ces trois domaines, il a laissé une oeuvre considérable, injustement sous-estimée de son vivant. La personnalité exceptionnelle de l'homme, il est vrai, a longtemps occulté l'importance du créateur qui a côtoyé entre 1901 et 1916 la fine fleur des arts et des lettres russes et françaises. Un demi-siècle après sa disparition, il est devenu l'un des écrivains fétiches de la perestroïka, de la sortie du totalitarisme communiste qu'il avait décrite, visionnaire, dès février 1917.
Vingt sept spécialistes internationaux de cette oeuvre exceptionnelle présentent chacun ici un texte clé du penseur ou du poète, en y ajoutant leur commentaire personnel. S'y illustrent tour à tour des points de vue littéraire, linguistique, philosophique et scientifique : autant d'éclairages inattendus sur l'étonnante mosaïque valéryenne dont on commence seulement à comprendre l'unité profonde. Un volume réalisé en hommage à Judith Robinson-Valéry, dont l'oeuvre critique de pionnière constitue une référence incontournable face à la complexité et à la profonde actualité de l'univers valéryen.
La vie et l'oeuvre de René Daumal (1908-1944) plongent avec une exigence remarquable au coeur des questions fondamentale qui ont marqué le 20ème siècle. Partant d'une expérience fulgurante de l'absurde, Daumal rejoint les grands philosophes non-dualistes de l'Orient et de l'Occident. Cet essai met en lumière les formes que prend ce regard non-dualiste dans les poèmes, les romans et les essais de Daumal, de même que la façon dont ce dernier met en question le dualisme qui domine la pensée occidentale depuis des siècles.
Ce livre essaie de suivre ce processus unique dans l'histoire de la littérature, et de démontrer que le "suicide poétique" de Rimbaud était le renoncement à un métier "absurde, ridicule, dégoûtant", au profit d'une nouvelle conception de la poésie vue comme "le corps merveilleux" formé des sensations les plus profondes, des visions et des expériences les plus riches, et incapable de se conformer au lit de Procuste de la littérature. L'analyse ici offerte des poèmes de Rimbaud est un voyage passionnant à travers un monde poétique situé dans cet "au delà " fantastique que le poète s'est adjugé.
"Mensonge!", ce qualificatf retentit comme un jugement manifestement négatif, dénonçant un comportement de ruse ou de calcul qui demeure condamnable par comparaison avec son contraire, la vérité. Cependant, au cours du XXe siècle, nombreux sont les écrivains qui ont rencontré une défaillance radicale située au coeur du langage, un point d'opacité qui ôte aux représentations leur crédibilité. Ce livre propose une approche du thème du mensonge chez certains écrivains parmi les plus innovants de notre temps: Giono, Genet, Aragon, Duras, Jabès, Sarraute.
Cet essai a pour but de montrer en quoi Sade, dans ses choix esthétiques, a été influencé par le Baroque, qui lui permettra de prendre en défaut le rationalisme triomphant des Lumières ; le pli emblématique du baroque marque bien le mouvement perpétuel entre le corps et la pensée, inséparables chez Sade, et défait la ligne droite d'un intellectualisme transcendant, visant à la perfection, à l'âge d'or pour l'homme.