Engagés aux diverses luttes de leurs peuples, le Martiniquais Aimé Césaire et le Brésilien Mario de Andrade dévoilent les cultures antillaise et brésilienne en employant les champs poétique, dramatique et romanesque. Ils abordent la question raciale et, par là, humaine, et montrent que les États-Unis, le Congo, le Brésil et Haïti, « où la négritude se mit debout pour la première fois », sont comme des laboratoires de racisme et de colonialisme, dont les modèles de développement se basent sur des inégalités.
Les nouveaux écrivains africains abordent le millénaire en combattants peu conventionnels, mais courageux. Ils affirment l'irréductible volonté d'un continent-martyr d'imposer son originalité. Ils nous donnent des écrits fous, immoraux, cyniques, désabusés, comme des cris de douleur ou de dérision. Leur parole folle, mais aussi artistique et thérapeutique, malgré son originalité, rejoint plus souvent qu'on ne le croit celle de leurs grands aînés, Chinua Achebe ou Tchicaya U Tam'si. Elle ne peut laisser personne indifférent.
Ce livre, bien qu'il puisse être lu indépendamment du volume intitulé Le substrat de la tradition en Polynésie française, il n'en est pas moins la continuité éclairée par la mise en perspective de ce dernier. Dans le présent volume, l'auteur analyse "les comportements théâtralisés de ceux qui portent, consciemment ou sans le savoir, l'héritage des ancêtres".
Le substrat est le terreau où la tradition plonge ses racines,ce qui est vu et donné à voir s'inscrit d'abord dans cette tradition fortement marquée par une infrastructure religieuse très présente. Le temple antique, lieu scénique, dresse le cadre d'un théâtre magique où se ressourcent les castes dominantes face à un public dévot.
Cette étude s'intéresse à la spécificité de l'articulation forme-fantasme dans chacune des oeuvres d'Hervé Guibert (1955-1991) et démontre l'interpénétration des processus fantasmatiques et créatifs. L'analyse de cette cartographie des fantasmes permet de réévaluer les relations obscures entre le désir, la vie et la création, de souder un peu plus le rapport texte-photographie et d'éclaircir les liens au sein du corpus guibertien ; les théories originales et les conclusions inédites de ce travail y apportent un éclairage nouveau.
Maurice-François Rochet naquit à Nantes le 25 mars 1856. Il a environ quatorze ans quand il s'embarque pour Saint-Domingue. A bord, il rencontre des comédiens qui lui donnent le goût du théâtre. Débarqué sur l'île sans un sou, il gagne sa vie comme huissier et joue la comédie en amateur. Ses dons remarquables le feront bientôt engager dans une troupe de professionnels. Jeté en prison pour cause d'insolence envers le public, il est rapatrié. De retour en France, il joue en province puis monte à Paris où il débute sur les tréteaux de la Foire sous le nom de Volange. Dorvigny, auteur dramatique, écrira pour lui le personnage de Janot, avec lequel il obtient un triomphe inimaginable : Louis XVI et Marie-Antoinette possèdent son buste, les plus jolies femmes se le disputent, les salons les plus huppés se l'arrachent, il s'achète un château. Son talent remarquable se déploie aussi bien dans les rôles comiques que dramatiques. Et puis l'engouement pour Volange passe... Il mourra dans la misère à Marseille en 1808.
A travers l'étude de quatre romans francophones, Georgette ! de Farida Belghoul, En attendant le bonheur de Maryse Condé, L'amour, la fantasia d'Assia Djebar et Tu t'appelleras Tanga de Calixthe Beyala, ce livre analyse l'effet d'hybridité produit par l'intégration et la remise en cause de concepts métaphoriques issus de différentes cultures : tels que le destin de la femme conçu comme une route déjà tracée, l'amour vécu comme une guerre. De fait, à travers leur travail sur la langue française, les écrivaines revendiquent non seulement un style individuel, mais aussi, à travers la liberté d'écrire, la liberté de penser et de vivre.
Partir, quitter la terre matricielle a toujours été un geste majeur pour les populations noires des Amériques. Sans relâche, ces communautés se sont définies comme des populations en partance, prêtes pour un départ vers ailleurs du mythe, du rêve ou de l'utopie. Le départ est alors un geste fondateur qui figure la quête d'un présent autre, d'un espace à venir, rédempteur pour le moi intime, l'individu ou le groupe entier.
Héritier d'une ancienne et tenace tradition cléricale, le Siècle des Lumières est fortement tracassé par le comique. De la comédie larmoyante à Mme de Staël, en passant par Fontenelle, Diderot, Mercier, Beaumarchais, Goldoni, etc., il s'efforce de le moraliser, de le sentimentaliser, bref, de le réconcilier avec la philosophie, malgré les violents sarcasmes de Rousseau. Si un malaise du comique travaille le siècle, il reste que ses deux meilleurs auteurs, Marivaux et Beaumarchais, chacun à sa manière, tentent d'échapper aux appels de l'époque, qu'ils ont maintenant charge d'incarner.
Faisant suite au volume précédent sous titré " autobiographie et histoire ", ce deuxième volume sous-titré " lectures critiques " réunit des analyses de presque chacun des romans de l'écrivain, ainsi que des articles de deux traducteurs de plusieurs de ses oeuvres. Leurs auteurs explorent les aspects les plus importants et débattent des sujets les plus marquants de la production de Boudjedra. Une somme exceptionnelle qui constitue un véritable bilan d'écriture de " l'enfant terrible de la littérature maghrébine ".
L'ouvrage porte sur l'usage du sceau en Occident, quand le signe devient le premier mode de preuve dans les régions de droit coutumier, au XIIè siècle, jusqu'à son déclin, au XVe. L'étude de l'usage suppose donc de s'intéresser aux techniques (matérielles et intellectuelles), aux modes de pensée et aux valeurs qui s'y expriment. Ce que l'auteur invite à regarder dans le sceau, c'est le fait de civilisation et les savoirs véhiculés.
Une quarantaine de textes critiques émanant de spécialistes de la littérature au féminin compose cet ouvrage. A travers eux les femmes de lettres francophones font entendre leurs voix. Dans ce chant mêlé, auteurs et critiques s'unissent pour célébrer la francophonie, traversant les frontières qui ne sont plus que des repères imaginaires et explorant un espace mémoire, un espace ouvert à des langues nouvelles.
C'est sous la pression de l'histoire que des hommes sont amenés à rendre compte, rétrospectivement, d'une expérience intime, des faits venus bouleverser le cours paisible de leur vie. Tous enracinent leur texte dans cette expérience qui demeure à l'origine d'une prise de conscience et d'un besoin de se dire ou de témoigner. D'où la nature particulière de ces oeuvres caractérisées par un engagement individuel qui marque la première orientation de la littérature tchadienne. Exilés, incarcérés, ces écrivains portent en eux les stigmates de la répression, les traces d'une fêlure existentielle qui font de l'autobiographie le vecteur le plus approprié pour exprimer leur détresse.
A travers l'analyse de quelques textes d'écrivains africains, l'auteur étudie la mutation des femmes de la période coloniale aux années 1990 , qui voient l'émergence de nouvelles forces démocratiques en Afrique. Les sociétés en révolution, analysées à travers les textes littéraires, annoncent les amazones des Temps Modernes entendant devenir les Sujets d'une Histoire qui ne se fera plus en dehors d'elles.
Aujourd'hui encore, la représentation de la shoah par la fiction est taboue. Cet essai propose de mettre en lumière le rôle de la fiction dans la commémoration de la shoah à partir de l'étude de La "Peste "d'Albert Camus et de "W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec, et d'analyser la place de l'imagination dans la transmission d'un événement inimaginable. Pour ces deux auteurs, l'écriture fictionnelle est un moyen d'action permettant de faire voir le réel. Par le biais d'une recherche esthétique originale, ils s'engagent à tracer les termes éthiques d'un récit sur la shoah.
Cet ouvrage a l'ambition d'apporter un éclairage nouveau sur Le pauvre Christ de Bomba et Le roi miraculé. L'interrogation de Mongo Beti sur l'opportunité du prosélytisme religieux dans le contexte colonial est traitée dans le souci constant de la rigueur. L'étude met à profit l'analyse rhétorique soutenue par l'enquête socio-historique et biographique.
Ce livre explore l'atmosphère poétique qui imprègne l'oeuvre romanesque et lui donne sa tonalité particulière. Le lecteur trouvera une variété de points de vue (fruit d'échanges entre sept nationalités), qui permettent de pénétrer plus à fond dans l'univers makinien et d'en apprécier toute la richesse, que ce soit par les thèmes abordés - la nostalgie de la nature et de la terre russe, le mystère de la féminité et la poétique de l'amour - ou par l'analyse des procédés langagiers et stylistiques de l'auteur.
Pourquoi, au moment o l'on assiste une crise de la reprsentation, au moment o l'opacit rflexive se superpose la transparence transitive pour dtourner la littrature de son dsir de reprsenter le monde, Pascal Quignard, Michel Butor et Yves Bonnefoy renouent-ils avec l'art figuratif classique qui est essentiellement mimtique ? Comment ces crivains recourent-ils la peinture classique, o la mimsis a connu son plus haut point d'accomplissement, sans pour autant s'assujettir au modle reprsent ?
Cet ouvrage s'attache à relever et analyser le réinvestissement mythique dans l'oeuvre d'Alain Fournier, ce qui suppose la production d'un récit qui s'apparente aux transmissions orales. En annexe, une compilation d'écrits sur les accusations de plagiat, les goûts littéraires d' Alain-Fournier d'après ses lettres; des études sur ses affinités avec Eugène Fromentin, Charles-Louis Philippe et Marcel Proust.
Au début du XXe siècle, après une longue dynastie d'autarcie culturelle, la Chine a ouvert sa porte à la modernité de l'Occident. La littérature française de la fin du XIXe siècle y fait son entrée, et, tout particulièrement, la poésie de Charles Baudelaire. Traumatisés par les blessures de guerres, les poètes chinois ont trouvé dans son oeuvre un encouragement à réinventer la poésie et une consolation morale et spirituelle au coeur même du spleen. Ce présent travail offre une étude systématique et complète de cette influence baudelairienne sur le monde poétique chinois.
Le rire froid traverse, de part en part, l'oeuvre romanesque de Yodi Karone. Cet artifice scriptural constitue l'un des traits de sa singularité. Une lecture attentive permet de déterrer ce trésor caché et de déguster la succulence du texte, à savoir une victoire invisible, une foi de soi qui anime le faible et lui permet d'affronter sereinement la force des injustes. De ce fait, le rire froid, saisi comme regard lucide de la victime, demeure la marque d'une intelligence vive, souvent imperceptible dans une lecture moins attentionnée, qui débouche sur le caractère pluriel du texte.
Les premiers récits de Claude Ollier ont été suscités par un séjour au Maroc, et la découverte des langues et des cultures du Maghreb. De cette rencontre, toute l'oeuvre écrite depuis garde une empreinte d'étrangeté et se nourrit d'une attention singulière aux langues qui la trament. Car l'écriture de Claude Ollier reste en quelque sorte hantée par l'alphabet de l'Autre, arabe, berbère, allemand, anglais ; elle s'emploie à en suivre les inscriptions dans le corps. C'est dire que ces textes, qui exaltent une altérité irréductible, se situent à l'opposé de l'exotisme. La littérature devient le lieu où des passages peuvent être frayés dans les interdits culturels, les images touristiques, les dressages linguistiques qui sont les nôtres. Telle est l'entreprise fondamentale, de livre en livre, du narrateur de Claude Ollier, invétéré voyageur-découvreur de planètes. Car c'est un trajet intersidéral qui est engagé, inévitablement, en direction de l'Autre, qu'il ait nom Maroc, Mexique, Australie, planète Enigma ou... Ile-de-France. En fait, la rencontre avec l'étranger donne à l'écrivain une langue : la langue française toute métissée de timbres et de rythmes différents. Et pour que les expériences mais aussi les phantasmes et les rêves déposent, il faut une écriture qui, loin des codes romanesques, opte pour l'exigeante liberté du récit, lequel fait tout autrement la part des choses. Les partitions de Claude Ollier entendent souligner, notamment, que les divisions géographiques et techniques, les strates historiques, la portée musicale des voix du texte, bref l'occupation des sols terrestres et des sols de l'imaginaire, tout relève de l'inscription du politique ; tout fait surface d'écriture. Les partitions de Claude Ollier ont aussi voulu mettre en oeuvre l'exercice du partage : l'ouvrage accueille 33 textes de Claude Ollier qui se greffent sur l'analyse, et il expérimente ainsi une relation différentielle. C'est une forme nouvelle de critique littéraire qui s'invente là, et qui tâche d'esquisser une poétique de l'altérité. S'ouvre alors, entre l'écrivain et l'analyste, par échos et entames, tout le champ spectral de l'oeuvre.
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