Edith Stacy, quinquagénaire au visage rond et aux pommettes rouges, enfila son imperméable. Sur le seuil de la porte, elle se retourna pour lancer : Bonsoir, Carolyn ! N'oubliez pas de bien fermer la porte. Carolyn Patterson était une adorable fille de dix-sept ans, grande, élancée. Des cheveux blonds coupés très court encadraient un visage aux traits réguliers à peine sortis de l'enfance. Ne craignez rien, madame Stacy, dès que vous serez partie, je boucle tout et je m'installe devant la télé. La femme hocha la tête et soupira : Depuis la mort de votre père, je ne suis jamais tranquille de vous savoir seule dans cette villa isolée.
Avec une grimace, il contempla les roules en équilibre précaire sur le chantier. Un malheur pouvait se produire trop facilement, à n'importe quel moment... À peine avait-il eu cette pensée qu'un crissement lui fit relever la tête. Les troncs dévalaient la pente. L'homme réalisa que ce n'était pas un accident... Quelqu'un en voulait à sa vie et toute retraite lui était coupée...
Trouvé devant le portail d'une petite église de village... Un huit mars ! Les bonnes soeurs pendant six ans... l'orphelinat jusqu'à dix-huit ans... Majorité ! Liberté ! Un peu comme un clébard-à-sa-mémère qui n'a jamais quitté son coussin moelleux. Lâché... sans collier... en plein centre de la grande ville... Ça fait des vies très courtes !
Le métier de camionneur est fatigant. On a souvent des idées bizarres vers deux heures du matin, quand on conduit un quinze tonnes depuis douze heures. Mais voir surgir, dans les phares, une fillette nue comme la main, fardée et parée de bijoux comme une idole, ça fiche un coup ! Surtout quand, par la suite, on retrouve la gamine noyée dans une rivière...
Lorsque je débarquai à Venise, ce matin du mois de mai, je ne fus guère sensible à la beauté majestueuse du Grand Canal. Car on m'avait confié une mission impossible : retrouver, dans le dédale de la Cité des Doges, une femme mystérieuse dont j'ignorais le nom, dont je ne connaissais pas le visage ! Je partais à la chasse au fantôme...
Un vieux manoir breton, dans la lande sauvage, voilà pour le décor. Une jeune femme, Anne, qui voit son univers se détraquer tout à coup, voilà pour l'ambiance. Aimez-vous la langouste ? Oui ? Anne aussi, et celle qu'elle trouvera dans ses filets ne sera pas tout à fait comme les autres.
Quand la vie ne te fait plus de l'oeil, et que la maladie s'en mêle, tu n'as plus rien à perdre : les salauds le paraissent encore plus, et c'est carrément insupportable. Alors ? Mais voilà, tout est contagieux. Même la haine.
Whaso eut un regard rapide vers Caldwell, puis ouvrit la porte à la volée. Avant même qu'il ait fait un pas, une puissante détonation retentit dans la chambre et une partie du panneau de bois vola en éclats. - Vous devriez fermer cette porte, Whasp, vous faites des courants d'air !
Il glissa de son fauteuil, et son poids inerte roula sur le sol. Le coiffeur, surpris par ce drame rapide, ne savait que répéter : Ben, merde ! Ben, merde ! Il réalisait seulement qu'il aurait très bien pu se trouver dans la trajectoire de la chevrotine.
Écoute bien, coco : tu vends un million de 45 tours de Elle est trop, c'est super ! Après un coup comme ça, faut enchaîner, et là, ça devient bonjour la galère. Surtout quand tu te retrouves avec une affaire de viol sur le dos et qu'en plus tu découvres au TOP-50 un gus qui chante comme toi ! Alors, pas de lézard, faut assurer méchant, sinon...
À Bangkok, si par malheur tu es dans la mouise, va traîner tes savates dans la gargote de Mme Tsie. Elle te proposera toujours un truc. Vu le contexte, ce sera ou Yin, ou Yang. Pas forcément bon, pas forcément mauvais. Mais toujours dingue comme le Singe. Qu'importe ? Au passage, sois sûr que la mère Tsie prélèvera sa dîme. Pour la dot de sa cadette !
À qui ai-je l'honneur de parler ? - À ma godasse... Pascal balance son pied dans l'estomac du P.-D.G. Nue sous sa serviette de bain, Nadine ricane. - Salope... dit l'industriel en se relevant. Pascal voulait du blé sans se fatiguer. Pour lui, Nadine accepte un rôle qu'elle n'aurait jamais imaginé jouer... Et la comédie tourne au drame.
Joël, le frère de Carole Vincent, a été renversé par une voiture. Banal accident de la circulation ? Voire... Carole charge un privé, Alain Vérone, de découvrir la vérité. Mais d'abord qui était vraiment Joël Vincent ? Chanteur sans talent ou maître chanteur ? Pour le savoir, Vérone va mettre le doigt dans un engrenage infernal... Celui de la violence...
Il leva le rideau de sa fenêtre pour regarder dehors : un néon triste verdissait la façade du bar. Plus à gauche, sous un porche, un homme faisait le pied de grue. Je me demande laquelle il attend, celui-là ? s'interrogea Jansen. Il laissa retomber le rideau, dénoua sa cravate sans regarder dans la glace. Jamais il ne se serait douté, que c'était pour lui qu'un inspecteur s'offrait une planque ennuyeuse.
Il y a des spectacles dont je me passe volontiers. Des enquêtes aussi. L'ennui, c'est qu'à vivre des choses en direct, on a du mal à choisir. Une fois que c'est parti, plus personne ne descend et on fait le trajet cramponné à ses tripes, avec un seul espoir : le terminus.
Le meurtre de l'ascenseur jaune. Le journaliste imbécile qui a trouvé ce titre peut faire du feuillet sans se fatiguer : il a un crime parfait et un inspecteur boiteux, c'est bien assez pour tenir des semaines. Seulement, l'inspecteur, c'est moi, et le crime, s'il est parfait, c'est pour l'assureur.
Port-Lido, vous connaissez ? Une petite plage bien tranquille sur la côte du Languedoc. Un club de wind-surf tenu par un professeur de lettres classiques, le soleil, la mer et quelques sirènes peu farouches : il n'en faut pas plus pour passer des vacances paisibles quand on est détective privé. Mais voilà : il suffit qu'une Hollandaise rousse découvre un cadavre au bout de sa planche à voile pour que la chasse au détective privé soit ouverte !
À force de vivre dans la grisaille, les coups de soleil passent pour des coups de génie. Surtout en Corse, surtout à quatre. En fait, quatre fois rien à tenter le grand jeu pour six millions de francs. Mais l'île ne fait pas de sentiment et le premier mort arrache tout... jusqu'au bouquet final. Un scempiu !
Sûrs d'eux, ils sont persuadés de me liquider d'un moment à l'autre. Tout mon être se révolte contre cette idée. D'une détente, je me précipite vers le torrent furieux. Le porteur de la mitraillette n'a pas de réaction immédiate. Par contre, celui qui tient le fusil est un rapide. Juste avant de me retrouver dans l'eau, ma cuisse a été salement secouée, mais je n'ai même pas eu le temps de sentir gicler le sang ou d'avoir mal. Peu de dire que je suis bousculé. Le flot est si impétueux que je suis happé par le courant glacé.
Un ex-flic et un ex-truand, ça devrait faire un bon duo de privés, pas vrai ? Bon, d'accord, Clopin est bon à rien, mais moi, Clopant, je suis prêt à tout ! La preuve : pour échapper aux déprimantes filatures des femmes du monde adultères, on part à la recherche de la fille en cavale d'un promoteur véreux ; bref pour refoutre, dans l'enfer familial, une pauvre môme qui est bien au chaud dans le paradis terrestre d'une secte mystique où l'on prépare le retour du Messie ; tout en s'éclatant au riz complet, sur un signal de son gourou bien-aimé ! Ceci dit, comme on aime autant le fric du père que la liberté de sa fille, on a fait de notre mieux pour ne pas la retrouver, tout en touchant nos honoraires. On a tout de même une morale !
Elle prit une cigarette, sa main s'allongeait vers son briquet lorsqu'un bruit bizarre retentit près d'elle, puis s'arrêta. Elle stoppa son geste, tourna la tête, cherchant d'où provenait le son. Rien. Elle avait dû rêver. Tout à coup, cela reprit, comme une sonnerie nasillarde, et cela venait de sa montre posée sur la table de nuit. Elle la fixa, incrédule, ne comprenant pas. Respiration bloquée, yeux agrandis, elle ne bougeait plus. Un autre bourdonnement la fit sursauter. Tout à coup, elle entendit son prénom, comme chuchoté...
La longue traque du chasseur de primes. Saint-Sentisses, un petit village provençal sans histoires. Marseille et ses combines, Paris et le tournoi de Roland-Garros, Rolf Sledd suit à la trace un couple très étrange et vraiment très dangereux.
Quand Dan pointa son nez par-dessus le mur de la villa qu'il venait d'escalader, il n'en crut pas ses yeux. Rick, le compère, se faisait la malle dans la BMW qui les attendait avec tout le butin.
Une maison, belle et confortable, le scintillement de la mer entre les pins. Une harmonie de tous les instants. Une vie sans rides, une lenteur heureuse. L'attente savourée de son retour. La joie renouvelée de lire dans ses yeux son amour, d'entendre dans sa voix sa tendresse. La volonté aussi de préserver ce bien. D'entourer ce bonheur de murs têtus, infranchissables. Mais, dans tout mur, s'ouvre un jour une brèche...