Inspirée de la série radiophonique produite et diffusée par Ici Radio-Canada Première, l'histoire des Remarquables oubliés continue de s'écrire dans ce deuxième tome. Avec un art consommé du récit, Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque lèvent cette fois le voile sur le formidable parcours de quatorze coureurs des bois délaissés par notre histoire.
Les femmes sont absentes de l'histoire officielle de l'Amérique - ne le dit-on pas assez ? Les Amérindiennes certainement, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses. Plusieurs d'entre elles sont des êtres d'exception dont le contact avec ce vaste continent a révélé l'intelligence et le caractère. Elles ont fait l'Amérique rétablit la mémoire de quinze de ces « remarquables oubliées », héroïnes aux exploits invisibles, résistantes, pionnières, aventurières, diplomates, scientifiques, exploratrices ou artistes...
« Notre époque est accablée par la dictature de l'actionnariat. Il est convenu d'avance qu'il faut se résigner devant les frontières fixées par ceux qui imposent une réalité dogmatique établie à leur seul profit. Cette béatitude entretenue par les chants des sirènes de la consommation se voit présentée comme une précieuse bénédiction. Tout s'est évidé de perspectives humanistes, mais nous sourions. Il ne reste plus guère de nous qu'un sourire suspendu dans l'air du temps, comme celui du chat du Cheshire dans Alice au pays des merveilles, cet animal étrange qui continue de montrer le sien une fois que tout de lui a pourtant disparu. Bien des possibles révoqués demandent aujourd'hui à être totalement réinventés. C'est l'idée qui sous-tend la plupart des textes rassemblés ici. »
Une rencontre... Il ne faut guère plus que deux personnes qui frottent ensemble leur vie comme des bâtons pour que le feu prenne et que l'imaginaire démarre sur les chapeaux de roues. Mais cette rencontre a lieu à deux époques différentes: la Nouvelle-F
« Quand verrons-nous, me faisait remarquer, l'autre jour, une jeune femme, en passant devant ce superbe édifice qui s'appelle l'université, quand verrons-nous les Canadiennes admises à y suivre les cours destinés à accroître leur instruction et à leur donner la place qui leur revient dans la société? [...] Je rêve mieux encore; je rêve, tout bas, que les générations futures voient un jour, dans ce vingtième siècle qu'on a déjà nommé le Siècle de la femme, qu'elles voient, dis-je, des chaires universitaires occupées par des femmes.» Françoise, La Patrie, 14 octobre 1895
«Où va cette femme blanche en traîneau à chiens, par quarante-cinq degrés sous zéro, avec ses deux enfants blottis sous les peaux? Pourquoi parcourt-elle ainsi quatre cents kilomètres dans la taïga? Elle veut simplement atteindre la station de chemin de fer la plus proche afin de gagner Québec, où elle compte revendiquer la création de territoires protégés pour la sauvegarde du castor, question d'assurer la subsistance des Cris. Simplement, oui. »
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«Ladite accusée a été déchaussée, mise sur le siège de la question par le tortionnaire et, après avoir été attachée à la manière habituelle avec les brodequins serrés, ladite accusée a dit qu'elle n'a point connaissance de personne et que ce n'est point elle. Après avoir été serrée par le coin, a dit: Je veux mourir. C'est moi et point d'autre personne.» Interrogatoire sous la torture, 21 juin 17
«It's a man's game », écrivait son mari, Leonidas Hubbard, en parlant de l'univers mythique des explorations. Et pourtant c'est elle, Mina, sa femme, la toute belle et élégante Mrs. Hubbard, qui conquit à sa place les grands espaces sauvages dont il avait tant rêvé.
«Elle portait toujours sur elle un petit fragment de quartz qu'elle disait être un morceau de son pays - ce fut son seul héritage, avec les histoires qu'elle avait racontées et quelques dessins. Surtout, elle portait le poids du destin tragique de son peuple. Un peuple malheureux comme les pierres.»
«Mon cher Louis, mon petit-fils du ciel infini des Plaines, croirais-tu que ta vieille mamie, recroquevillée sous ses châles, a autrefois canoté les rapides et chevauché parmi les hardes de bisons, croirais-tu qu'elle a suivi ton grand-père dans ses rêves, ses lubies, ses paradoxes? Mon beau, mon pauvre Louis Riel, fils de ma chère Julie, tu me vois inquiète, si inquiète: qu'adviendra-t-il de tes passions?»
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«Quelque part au fond du Nebraska, dans cette Amérique des Mauvaises Terres, une lueur jaune à la fenêtre d'une maison. C'est le Dr Susan qui, chaque nuit, allume une lampe à l'huile pour dire qu'elle est là. Qu'elle veille sur tout un chacun et sur son peuple. La médecine qu'elle pratique tient de la mission: réparer l'irréparable, panser les plaies de l'Histoire.»
«Mère Courage, une parmi des centaines, des millions depuis que le monde est monde. Et pourtant, elle est unique, inoubliable, l'image de cette femme à cheval parmi une brigade d'hommes, une petite femme forte charriant ses enfants contre elle, deux sur la bête épuisée, un en bandoulière, et la route est longue, et l'hiver sévit, et bientôt il faudra manger le cheval. »
«ll lui était si aisé de se fondre dans la nature humaine. Elle passait d'une culture et d'une identité à une autre, bafouant les convenances d'une société cruelle, brisant, pulvérisant les certitudes tranquilles des sectaires et des racistes. L'Histoire a toujours tu le rôle des gens ordinaires, alors même que ce sont eux, souvent, qui en sont les véritables acteurs.»
«Licencieuse et déshonnête, disait-on. Une cabaretière, une femme de pendu, imaginez! regardez les registres d'audience de la ville de Montréal! voyez combien de fois elle a paru, comparu, voyez vous-mêmes! Ah! la belle, la très forte Marie Brazeau. Quel bagout, quelle allure! voici une battante qui ne s'avoua jamais battue. Laissez dire. Elle traversera bien l'Histoire.»
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Les paysages ruraux et urbains du Canada sont des paysages « conçus ». Ils expriment ce que nous sommes, nos valeurs, nos croyances, nos mythes et symboles, nos réflexions sur l'univers, le caractère essentiel de notre civilisation. Si la profession d'architecte paysagiste existe au pays depuis cent cinquante ans environ, le paysage a été sculpté et modifié par la main humaine bien avant que des professionnels en aient fait leur métier. D'une importance profonde sur la vie et la pensée canadiennes, il mérite d'être étudié et expliqué, depuis les interventions significatives, mais peu connues, des Premières Nations jusqu'aux diverses manifestations des courants culturels du Canada contemporain. C'est ce que propose de faire ce livre, premier du genre à véritablement traiter de l'évolution de l'architecture du paysage au Canada dans son ensemble. La thèse principale développée dans ses pages, celle voulant que les Canadiens aient réussi d'une façon toute particulière à s'intégrer autant aux vastes paysages naturels du pays qu'à ceux humanisés, est appuyée par une étude méticuleuse et éclairée autant que par une abondance de photos et de documents d'archives. Fruit de près de 25 ans de recherches, qui ont mené l'auteur dans les lieux les plus reculés du pays comme dans ceux les plus spectaculaires, cet ouvrage est une histoire de l'architecture de paysage au Canada envisagée selon une large trame géographique et culturelle.