Sylvestre est la quête d'un père qui veut transmettre à ses enfants le désir de réinvestir le pays. Une quête poétique qui cherche à établir des ponts entre ce qu'était hier et ce que sera demain. Un poème/mythe aussi, qui cherche à raviver l'amour du territoire, de ses forêts, de ses rivières, de ses rêves : de la ville à la poésie, de la parole contée au feu de camp, des grands-parents aux petits-enfants. Une grande place est, enfin, accordée à l'imagination, au réinvestissement des mythes, au renouveau du monde, au rythme de la parole.
revoici le journal du matin
comme une plaie ouverte sur ta galerie
grands titres au fer rouge
et petites annonces dans la peau
à la une l'enfance était un canular
dossier spécial sur la torture en temps de paix
en page 37 de belles têtes de morts
bien coiffées vite ensevelies
après quoi on emballe les restes de table
déjà ce soir tu découches aux soins intensifs
demain matin personne pour ramasser ton journal
comme une plaie ouverte sur la galerie
il partira au vent
tout sera à recommencer
Notre présomption d'innocence raconte en trois temps une histoire vieille comme le monde où les misères et les échardes de la liberté sont préférées au confort gras de la servitude. Écrit à la pointe de la bouteille, dans le fond de la nuit des villes, ce poème / fable exprime avant tout la violence d'une telle quête et, paradoxalement, le profond désir de vivre qui l'anime. La liberté y apparaît comme une arme absolue.