Pour Ken Bugul qui a décidé d'écrire ses romans dans une langue caractérisée par des effets de maternement et de mutilation, on peut donc parler de l'institution d'une langue individuelle en marge de celles de la société. C'est pourquoi ce n'est que justice d'appeler cette langue par le nom de son auteur, soit la langue bugulienne. Ce livre propose une approche de lecture basée sur les mécanismes de formation et d'évolution de la langue d'écriture de la romancière.
Le concept de glissement en littérature implique la rupture des éléments constitutifs d'autres concepts, d'où son effet d'instauration de l'hétérogène en remplacement de toute figure homogène préexistante. Par exemple, c'est le glissement qui crée, dans l'écriture de la sénégalaise Ken Bugul, l'hétérogène poétique du langage littéraire. En conséquence, lire Ken Bugul, c'est s'astreindre à faire preuve de glissement dans son acte de lecture, se faire artiste soi-même.