De la bibliothèque de son enfance, où elle puisa le goût des mots, Françoise Loiret nous fait partager des lectures éclectiques et sans a priori : d'Albert Camus à Dorothée Letessier .
Fascinée par le monde de l'édition, le saint des saints, elle y devient standardiste et rencontre ainsi de nombreux auteurs dont François Cheng, Jeanne Champion, Philippe Murray, Régine Deforges et tant d'autres !
Dans ce récit, Françoise Loiret brosse notamment un émouvant portrait de Claude Durand, l'inoubliable éditeur de Cent Ans de solitude, et nous fait découvrir « personnellement » un milieu éditorial méconnu
Julien Cendres évoque le parcours de son amie dans une « lettre » à Pierre Assouline, qui fut à l'origine de l'aventure singulière racontée « au fil de ces pages »
La première partie de cet ouvrage comporte des études du texte dostoïevskien. Sur les rapports que l'énonciation y entretient avec la multitude de voix qui se répondent. Boulgakov, Olecha, Dombrovski et même Nabokov s'inspirent de l'auteur de Crime et Châtiment. Tel est le sujet de la seconde partie. En France, Dostoïevski exerça une influence majeure sur nombre d'écrivains du XXe siècle. La troisième partie en donne des exemples (Mauriac, Bernanos, Kessel, Carco, Camus, Michel del Castillo).
Des spectacles scéniques et des récits filmiques faisant figurer marionnettes, objets animés et acteurs ensemble, que retenons-nous ? Le robot, la marionnette critiquent-ils le comédien vivant ? En désignent-ils les failles et les habitudes ? L'amènent-ils à modifier son jeu ou le complètent-ils ?
Il s'agit, ici, en termes d'enjeux narratifs, d'interroger ce qu'il en est des représentations du comédien, de sa contestation ou de sa réévaluation.
Rien de moins sage que certaines images qui, du XIXe au XXIe siècle ne semblent là que pour inquiéter le discours implicite sur lequel elles s'érigent, et, le faisant trembler, vaciller sur ses bases, l'obligent à se repenser non plus comme vecteur de transmission du monde mais comme écran entre le monde et nous. Des corps aussi affolés qu'affolants s'exposent ainsi dans des "petits" genres comme la pantomime et le tableau vivant, tour à tour défiant les "grands" genres et les revivifiant...
Ces méditations autour d'Eaux dérobées déploient une écriture en dialogue avec le livre de Daniel Cohen et un verset biblique des Proverbes de Salomon. Où il est question d'une parole étrange de la Folie. Et dans cette difficulté d'écrire où nous croisons la folie d'Oreste et celle de David, nous rencontrons une âme juive. L'âme ici est une âme qui s'écrit. Ecriture d'une âme juive. Génitif objectif et subjectif.
En matière de rire et d'humour, tout ou presque déjà, au plan théorique, semble avoir été explicité. D'où la difficulté de trouver des créneaux inexplorés pour un renouvellement des connaissances en ce domaine. La présente étude s'attache à mettre l'accent sur la fascinante variété du motif rieur dans les écrits littéraires. L'enquête ne peut être menée à bien que par la synthèse entre le phénomène du rire et l'oeuvre qui en constitue le socle, en lien avec un examen du récit et des personnages.
Fin des grands récits, fin du monde, fin de l'homme : nous n'en finissons plus de penser les fins et d'interroger ce faisant les conditions de notre présence. C'est qu'il faut encore des humains pour penser le posthumain... Si le principe de comparaison laisse entendre qu'hybrider, c'est penser, une approche de ces figures et structures hybrides semble propre à la compréhension des systèmes et des communications dans lesquelles nous nous inscrivons.
De nos jours, l'attention médiatique accordée aux collaborations de chercheurs dans le domaine du théâtre, le succès de documentaires, d'émissions et de magazines scientifiques témoignent bien que la science appartient plus que jamais au champ du spectacle et des représentations. Les réflexions réunies dans ce livre interrogent ce que le théâtre fait à la science et inversement comment la science agit avec le théâtre. Ainsi à travers Galilée, Oppenheimer ou Schrödinger se dessine par le théâtre notre désir de science aujourd'hui.
Marco s'installe en Turquie et rencontre Aziz à Istanbul. Il loue une chambre chez lui alors qu'il le connaît à peine. La confrontation est rude. Expatriation, jalousie, gestation pour autrui, portrait critique d'une Turquie toujours incomprise, insaisissable. Face à face de deux êtres paumés, Occident, Orient, peur de vivre, peur du sucre ? Quel que soit le pays, la finalité est la même. Goûter au bonheur sans y perdre son âme. Thriller des sentiments, texte à l'énergie rageuse, drôle et tragique. S'amuser tout en souffrant, l'essence même de la vie.
Troisième volet d'un rétrospective originale et inédite, cette visite critique, des années postcoloniales, achève de passer en revue les petits récits de la fiction françafricaine.
Des trajectoires se tracent, pas si nombreuses, entre sociologisme fondamental et spiritualité puissante ; elles donnent au rire ce pouvoir libérateur et restructurant qu'un célèbre interprète russe avait cru déceler dans les sources populaires d'une autre littérature renaissante, issue du servage et pas encore accessible à telle forme atonale.
Ce volume achève la première partie (1944-1989) d'un projet sur le rire romanesque en Afrique noire, au titre éponyme. Le tome II est paru sous le titre Le Premier Réalisme néocolonial.
Académicien, protestant, amoureux de la Reine, Gombauld est avant tout un poète qui s'est illustré à la fois dans la poésie galante, l'épigramme, le récit mythologique, la pastorale et la tragédie classique. Tout un pan de son oevre est consacré à la religion, soit sous forme de traités et de lettres, soit sous forme de poèmes.
Trop longtemps négligés et guère réédités depuis le XVIIe siècle, ses remarquables Sonnets chrétiens sont ici repris, suivis d'un essai de Jad Hatem, professeur de philosophie à l'Université Saint-Joseph.
L'écriture est, chez Pierre Chappuis, interrogation du monde tel qu'il se donne à nous dans la réalité du langage. Ses études visent à mettre en lumière quelques-unes des formes exploitées par l'écrivain pour répondre au surgissement du monde. La poésie bien sûr, mais aussi la prose, la note, la correspondance seront tour à tour abordées, afin de restituer à l'écriture de Pierre Chappuis toute sa diversité : il s'agira de suivre une pensée sans jamais la figer dans sa dynamique.
Les premières montgolfières suscitèrent un extraordinaire enthousiasme dans toute l'Europe, accompagné par un flot de publications techniques, scientifiques, frivoles, théâtrales, satiriques, mystiques... L'incarnation matérielle d'un rêve fait de passivité, d'abandon, de libération voluptueuse dans une embarcation instable, allait de pair avec la découverte de nouvelles perspectives et de nouveaux paysages. L'air avec ses songes et ses cauchemars suscita de nouvelles poétiques.
Ce livre rapporte l'expérience majeure en matière d'écriture qui consiste à examiner comment se transforme, chez un futur écrivain, des brouillons en oeuvre magistrale. Il propose la réédition d'une thèse de doctorat soutenue en 1977 en Sorbonne, devant un jury où figuraient Roland Barthes ou Gérard Genette. Bien plus qu'à une énième consultation des brouillons proustiens, on assiste ici à une expérimentation originale des prémisses d'une oeuvre car s'y précisent les contours du style d'un écrivain qui s'éveille.
Deleuze a contribué à mieux nous faire entendre la puissance affirmative du désir et la portée métaphysique des hallucinations et délires. Une logique de la folie qui excède la question du langage et des choses... Cet essai prolonge une intuition restée en friche : la prise au sérieux de la dimension " théologique " des délires dont la catégorie psychiatrique obsolète des " délires mystiques " est une occultation au lieu d'être l'explication, le dépliement qu'elle aurait pu suggérer.
Jo Jong-nae est souvent proposé au Nobel de littérature (Corée du Sud) pour avoir su fixer, dans une immense symphonie, publiée en français chez L'Harmattan, le destin de la nation coréenne de la fin du 19e siècle aux années 80 du 20e. Il nous a paru pertinent de demander à Georges Ziegelmeyer de conter les deux cycles que le lecteur français pourrait se procurer. Nous y trouverons un peuple à la culture et aux traditions millénaires et une fresque romanesque exceptionnelle.
Cette étude révèle une préoccupation de l'instant présent, singulièrement
centrale chez Albert Camus. Traversée par le motif du commencement, l'oeuvre décline une conscience de l'instant créateur. Certes, Camus est nostalgique des origines mais cela équivaut-il à une volonté de revenir au passé ? Et quelle forme inventer pour écrire le présent, fugitif par essence ?
Toute l'oeuvre de Franz Kafka pourrait-elle décidément se lire comme la lettre-fleuve d'un fils à son père ? Comme une interminable « lettre au père » qui ne dirait pas son nom ? Telle est, en définitive, la question principale qui sous-tend les deux volets de cet ouvrage. On verra d'abord l'écrivain, qui se définissait comme le produit d'un « animal-famille », s'incarner dans une étonnante variété de bêtes. Dans le second volet, le lecteur sera invité à pénétrer dans l'intimité du créateur.
Kaléidoscopique, mue par une énergie éperdue et désespérée, l'oeuvre de Copi aborde aussi bien le théâtre, le récit que le dessin. Le dramaturge argentin exilé en France a théâtralisé de manière ironique la relation du dominé face au dominant, la tragédie du malentendu humain mais aussi du créateur menacé par ses propres chimères. Derrière les jeux de masques, derrière les oripeaux du travesti, les pratiques de Copi extériorisent les tiraillements internes au geste créateur.
Dans une utopie artistique, le processus compte-t-il plus que l'oeuvre elle-même ? C'est la question posée par ce roman, de facture classique, fondé sur un vécu personnel et historique. Contagion de deux imaginaires, maladie qui, dans notre modernité, dissout par une écriture salubre, l'agonie de l'homme périmé.
On ne lit plus aujourd'hui les nombreux essais où Maeterlinck, avec plus de netteté que dans son théâtre, exprime son credo métaphysique. Cet ouvrage est conçu pour réhabiliter sa pensée, en particulier sur la mort, qui selon lui ne fait que prolonger la vie. Les textes du poète belge cités dans cet ouvrage permettent encore d'apprécier sa dépendance méconnue à l'égard de Rimbaud.
Cet ouvrage revisite la pensée de Brentano, l'un des écrivains majeurs de l'Allemagne romantique. Créativité poétique, grande verve lyrique, nonchalance, voici par quelles têtes de chapitre, parmi tant d'autres, on pourrait décliner l'oeuvre de Clemens Brentano. Erika Tunner, l'auteur de cette monumentale monographie offre l'une des plus amples jamais offertes à cet écrivain en langue française.
L'argent, pour l'auteur de ce livre, a été, presque toujours, une expérience pénible. Plutôt que d'en décrire la lèpre en essayiste ou en romancier, il a composé un texte décalé. Il a choisi l'Écrivain comme personnage de sa discussion. Daniel Cohen rapporte de ses lectures et de sa casquette d'éditeur, un texte personnel, court et incisif, sur ce dieu fascinant et mortifère.
La lecture, pour Daniel Cohen, a été et ascèse et affranchissement. C'est auprès des écrivains qu'il a appris à regarder le monde. Dans leur giron, il s'est efforcé de surmonter épreuves et échecs. Voici une réflexion sur le trio prestigieux Proust, Gide, Claudel. Ce livre est un témoignage passionné : comment des écrivains inscrivent leur matricule insigne sur la peau de leur lecteur.